Critique - Théâtre - Avignon In
Vive le sujet, volet 3
Comme la France est belle - Garden of Chance
Par Michel VOITURIER
Au fil du festival In, le lieu a accueilli la comédienne Marie Payen et le plasticien danseur Medhi-Georges Lahlou, la marionnettiste Elise Vigneron et la chorégraphe Anne Guyen. Ensuite les musiciens compositeurs Annabelle Playe et Alexis Forestier ainsi qu’une performance avec Vera Mantero et Jonathan Uliel Saldanha.
La troisième est aussi composée de mélanges. Ceux-ci n’auront pour fil rouge commun que l’exhibition des étiquettes des vêtements de leurs interprètes, comme s’ils venaient de les acquérir juste avant d’entrer en scène.
Comme la France est belle
Sous le signe de l’humour, voici l’écrivain comédien Gustave Akakpo et le clown comédien Frédéric Blin. Ce duo mêle une intervention très sérieuse quoique fort drôle d’Akakpo à propos de la dévoration de la langue française par l’anglais, de sa détérioration par manque de connaissance du fonctionnement. Il s’empare d’expressions et de tournures qui font à la fois la complexité et la subtilité du français pour démontrer la richesse.
Frédéric Blin l’avoue au cours d’une réplique qui vient distancier son jeu, il est là comme élément perturbateur inséré dans une séquence afin de provoquer une assez facile mais efficace rupture entre deux styles. Il a le chic pour intervenir à contretemps, pour déranger le public par ses va-et-vient tapageurs, pour camper une interlocutrice mondaine et superficielle.
Le duo fonctionne à merveille. À la fois passent le message de l’alerte à la pollution langagière et le comique clownesque d’une caricature plutôt féroce, encadré entre une entrée et une sortie où l’allusion au racisme colonial est patente puisque l’intrus(e) amène son acolyte comme s’il était un singe savant de cirque ambulant.
Garden of Chance
Changement d’atmosphère avec le danseur autrichien Christian Ubl et le flamand multidisciplinaire Kurt Demey unis dans des interventions à baptiser du nom de mimes synchronisés. Ici, un minimum de paroles et une flopée de gestes, actes, grimaces sur et autour d’un espace composé de géométriques pièces herbeuses dispersées sur le sol.
Le paradoxe est d’abord une chorégraphie entre danse et gesticulation, effectuée en pleine chaleur estivale de midi et du Midi par deux individus en costume strict d’invités à quelque mondanité urbaine. Le mélange est subtil entre pastiche et dérision. C’est plutôt longuet pour pouvoir se renouveler.
Un duo de volontaires est mis à contribution pour un jeu de jets de dés étiré. Chacun jette un dé dans un verre et il convient d’obtenir le même chiffre ensemble pour que les duettistes réagissent. Le hasard, bien entendu, a l’ironie de prolonger l’attente qui s’étire assez lentemement.
Cela se termine par un numéro de participation du public grâce à la manipulation de photos choisies par chacun avant l’entrée au jardin, mélangées, échangées avec les voisins, déchirées en deux, échangées à nouveau, finalement réunies pour devenir prétexte à des changes verbaux. La démarche, quelque peu confuse, a néanmoins permis d’improbables trouvailles visuelles et commentaires verbaux entre inconnus.
Source : www.ruedutheatre.eu Suivez-nous sur twitter : @ruedutheatre et facebook : facebook.com/ruedutheatre