Critique - Théâtre - Thoricourt (Silly)
Notre-Dame de Paris
En un peu plus d’une heure ? Pari gagné
Par Michel VOITURIER
Le roman d’Hugo est copieux. Impossible de le donner à voir dans la totalité de ses épisodes. Les personnages sont nombreux. Difficile de les incarner sans sombrer dans le caricatural. Pourtant Eric De Staercke réussit cette gageure. Pour ce, il prend le parti pris de s’imaginer conférencier entouré de quelques accessoires.
Il parvient à trouver un équilibre entre diverses options complémentaire. Il est narrateur donnant l’essentiel de l’intrigue. Il est érudit qui suggère des pistes historiques. Il est commentateur comédien faisant sentir l’écriture de l’écrivain, lyrique, musicale mais aussi parfois ampoulée comme le romantisme l’était. Il est comédien qui campe les personnages principaux en jouant de son corps, de sa voix, de ses gestes, en variant tons et mimiques. Il remémore la boulimie sexuelle de l’auteur, ainsi que le fit autrefois à la télé et en livre le polémiste Henri Guillemin.
Ce panachage a l’avantage d’éviter la monotonie d’un seul-en-scène qui s’en tiendrait uniquement au texte originel. Il amène le comédien à produire aussi bien des effets de comique répétitif que d’éviter des gags trop faciles. Il se permet même de flirter avec un certain boulevard en se servant de l’opposition entre la solennité de son costume de conférencier sérieux pour le haut et pour le bas la pantalonnade suscitée par la tenue d’époque du poète Gringoire. Ce qui ne l’empêche pas de rappeler le combat de Victor Hugo en faveur de l’abolition de la peine de mort.
Au passage, De Staerck actualise par l’évocation de l’un ou l’autre fait récent. Une façon de montrer que les œuvres fortes du passé sont susceptibles d’éclairer également notre présent. Quand on repart après la fin du spectacle, reste alors l’envie de relire un roman qui est loin d'avoir vieilli.