La scène petite et intime s’éclaire sur un décor où tout n’est que noir et blanc, et sur une ambiance calfeutrée et post apocalyptique. Dans ce qui semble être une maison, on découvre d’abord Clov, ce boiteux idiot, servant et souffre douleur d’Hamm, l’aveugle grincheux et philosophe en fauteuil roulant. Il y a aussi ses parents sortant parfois leur tête de leurs poubelles, aussi ridicules qu’attendrissants. Tout ce petit monde évolue dans une ambiance lourde et étrange où il ne se passe rien de particulier. Le quotidien semble répétitif, d’une monotonie tragique, et pourtant si drôle et certainement pas si insignifiant !
Avec ce comique de répétition, ce rythme juste, et les répliques sans queue ni tête dont a le secret Samuel Beckett, le public prend le temps de découvrir et d’apprécier cette Fin de Partie. Les comédiens évoluent à merveille dans cet absurde, décrivant si bien ces personnages au teint blafard enfermés dans leur situation, dépendant les uns des autres, s’aimant et se détestant à la fois.
Les silences et dialogues se marient à merveille, et la mise en scène a conservé l’idée de plateau minimaliste tout en l’enrichissant par un jeu de lumières très intéressant. Que ce soit la scénographie, les costumes ou le jeu des comédiens, tout a été travaillé pour proposer au public d’entrer dans la tête de Beckett : entre folie et noirceur, espoir et désespoir, rire et larmes.
