À l’heure où, une fois de plus, Trump se trompe en décrétant que la colonisation par les Israéliens de territoires palestiniens est légale, un tel spectacle est nécessaire pour replacer ce problème complexe dans le courant de l’Histoire, pour le concrétiser à travers une existence quotidienne tendue et génératrice de violence. D’autant que le lieu, une des villes les plus anciennes de Palestine, contient un patrimoine révéré par les trois religions monothéistes.
Avec un bagout de camelot prêt à vendre n’importe quel produit de consommation, Ruth Rosenthal joue, raconte, s’empare de points de vue différents, voire contradictoires afin de transmettre des témoignages de citoyens de convictions antagonistes. Elle se conduit même en véritable accompagnatrice touristique en proposant au public boissons, gadgets, produits régionaux.
Alentour, on perçoit des bruits urbains, des voix, des déflagrations, des rumeurs. La chaleur de l’endroit tombe même sur l’assemblée par radiateurs électriques suspendus au-dessus des spectateurs. Et tandis que le monologue se poursuit, la comédienne agence sur l’espace scénique central des éléments de maquette. Elle concrétise le décor stylisé de l’endroit dans lequel son discours se passe.
Tout est conçu pour informer et captiver. Et cela est éminement édifiant. Cependant, malgré l’énergie convaincue, la scénographie précise, la réalité plus forte que la fiction, la eprésentation n’atteint pas totalement ses objectifs.
D’abord parce que, en dépit de l’authenticité du ton employé, l’accent de Ruth Rosenthal déroute les oreilles francophones autant que celui du Québec. Un certain temps d’accoutumance s'avère nécessaire pour se familiariser avec une parole si bien jouée qu’elle accélère parfois son débit de paroles déjà assez rapide. Une partie du discours s’en trouve dès lors occultée.
Ensuite, le choix technologique d’un micro relayé aux quatre coins de l’espace selon les déplacements de la guide souffrait des baisses d'intensité sonore périodiques selon l’emplacement du jeu théâtral ou l’attitude corporelle de la locutrice, éparpillant des mots avec le sens. Dommage car le message aurait eu encore plus de poids que celui qu’il avait en dépit de ces difficultés involontaires.