Critique - Jeune Public - Huy
Suspendue au néon
En suspension entre normes et libertés
Par Michel VOITURIER
Le décor de cette histoire est composé d’accessoires. Il a besoin de la liberté de l’imaginaire pour entrainer le spectateur dans l’univers mental de Gwen, une écolière fantasque, débordant d’imagination, prompte à se lancer dans des défis ou des situations périlleuses. Son histoire ne cesse de balancer entre la réalité du quotidien et la fantaisie débridée de la fiction. Il est contrindiqué, en effet, pour montrer quelqu’un qui aspire à déborder des prescriptions normatives du travail en collectivité de se contenter d’un environnement banalement réaliste.
Du coup, les éléments de l’action (mobilier, instruments, ustensiles) sont là, suspendus aux cintres, prêts à servir ou à se retirer selon les circonstances. Cet aspect proche du matériel des acrobates circassiens permet une grande mobilité de mouvements, une faculté de moduler l’espace à foison. Quant à des objets plus petits, ils servent de signes pour identifier un personnage ou un endroit.
Deux comédiennes matérialisent tous les protagonistes de cette aventure scolaire. D’un côté, Fanny Dreiss est essentiellement Gwen, 11 ans, aux réactions parfois très inattendues parce que spontanées ou provocatrices ; de l’autre, Caroline Donnelly sera le gamin Félix, la gardienne des lieux, la mère, la petite sœur Rose, des condisciples, un cactus, la directrice quand elle n’est pas en voix off…
Le rythme est soutenu. Il réclame une attention sans faille. Il n’y a gère de transitions entre la succession des séquences, de leur localisation dans le temps et l’espace, parfois même dans le réel ou l’imagination. Fanny Dreiss possède l’énergie de sa pré-adolescente ; Caroline Donnely se donne à fond à travers des transformations rapides de rôles où le comportement physique, la présence corporelle, le ton et l’intonation de la voix sont primordiaux.
Le spectacle n’est pas trop long. Il offre une possibilité de réflexion à propos de la capacité d’accueil de l’institution scolaire, sur l’ouverture d’esprit des individus ordinaires face à l’inconnu ou à l’étranger, ce mot qui contient en lui le mot ‘étrange’.