Dès son entrée en scène, la salle sait qu’elle a devant elle une boule d’énergie. Et cela ne se dément pas durant toute sa prestation où elle varie à plaisir les genres. Elle chante, elle danse, elle joue la comédie, elle monte un mini-opéra rock avec des marionnettes, elle raconte des histoires, elle imite divers accents aussi bien belges qu’africains, elle parodie.
Elle susurre avec autant de conviction qu’elle vitupère. Sa présence physique est indéniable car elle est capable de se servir de son corps gestuellement, rythmiquement, mimiquement, comiquement. Bref, elle s’avère irrésistible, enfilant les unes derrière les autres des séquences variées. Qu’il s’agisse de l’histoire de la colonisation du Congo par le roi Léopold II, de son travail de météorologiste, de son passage chez les scouts cathos, du mythe du prince charmant, des footballeurs et leurs supporteurs…
Elle milite puisque le fil conducteur de son spectacle est la démonstration vivante et vivace qu’on a la capacité de se battre même lorsqu’on additionne plusieurs handicaps : être noire, belge, femme, ni très grande ni très mince, dépourvue de tout accent folklorique. C’est- à-dire ne correspondre en rien aux critères de la mode, du showbiz, du formatage médiatique d’une réussite dans les métiers publics.
Son deuxième atout, en dehors de sa vitalité, c’est l’autodérision. Mais c’est aussi une défense efficace à entendre les références biographiques qui se greffent à son discours. Cela ne l’empêche pas de lancer des vannes. À son public. À celui qu’elle a distingué pour être sa tête de Turc (excusez cette expression raciste, mais y en a-t-il une autre en français ?). À ceux qui véhiculent la haine ordinaire ou pire, et là il lui arrive d’être vraiment féroce, mordante, impitoyable. C’est par conséquent pour cela aussi qu’on l’applaudit.