Ce "Macbeth" (1606) est l'une des ses pièces parmi les plus sanglantes, les plus sombres, au point que son titre fut "maudit" dans les théâtres anglais (à la façon dont on ne peut prononcer le mot "corde" ailleurs). Mais rappelons les faits, cruellement répétitifs, et qui tournent autour d'un trône très convoité...
Macbeth/Itsik Elbaz est le cousin du roi d’Ecosse Duncan/Luc Van Grunderbeeck et c'est aussi un guerrier, un Général. Chef des armées, il est loyal, courageux et vient de remporter une victoire décisive dans le conflit entre l'Ecosse et la Norvège. Alors qu'il est en route pour recevoir les honneurs qui lui sont dus, Macbeth va rencontrer trois sorcières qui lui prédisent qu’il deviendra Duc de Cawdor et Roi d'Ecosse.
Autre rencontre et prédiction: les enfants de Banquo/Stéphane Fenocchi, autre général et fidèle compagnon d'armes de Macbeth, règneront ensuite sur le pays. La première prédiction se réalisant contre toute attente, et alors qu'il reçoit les honneurs et le titre inespéré de duc de Cawdor, Macbeth ne doutera plus de son "Destin". Il envisagera de tuer le roi Duncan, poussé, il est vrai, par son épouse qui partage son ambition. Le fils du roi, Malcom/Félix Vannoorenberghe, s'enfuira en Angleterre.
Entraîné dans une spirale meurtrière, sa soif de pouvoir deviendra soif de sang; Banquo sera tué par ses hommes de main... La folie envahira son château: il sera hanté par les spectres de ses victimes alors que Lady Macbeth/Anouchka Vingtier devenue folle, se suicidera. Mais une armée de protestataires s'étant formée sous la direction de Malcom et Macduff/Didier Colfs, Macbeth sera cerné, tué, et Malcom deviendra légitimement Roi d'Ecosse.
Dans la tête de Macbeth... un enfer moral.
Avec la pluie (un réel déluge), la boue, le sang, envahiront le plateau..."palpables", alors que l'oeil d'une petite caméra (Sébastien Fernandez) ne perdra pas de vue les comédien/ne/s. Les assassinats se succédant le plus souvent de nuit, la lumière de Jérôme Dejean se fera pénombre inquiétante, autre élément important d'angoisse autour des deux personnages principaux: le meurtrier et son instigatrice, une manipulatrice faisant du meurtre un acte d'amour, alors qu'il chante le "Love in blindness" ("L'amour rend aveugle") de U2...
Du Macbeth shakespearien aux tyrans sanguinaires actuels, ce sont les mêmes thèmes, récurrents, qui apparaissent: l'Ambition, ce Pouvoir qui fascine tant et ce que de récentes études ont appelé le "Syndrome d"Hubris" ou "syndrome de la démesure"...
Nous sommes bien loin d'une reconstitution historique ! Du reste, sommes-nous bien en Ecosse - les costumes (belle trouvaille de Thibaut De Coster et Charly Kleinermann), le langage, sont dépaysants...- Et pourquoi ces sorcières ricanantes en habits d'infirmières (Muriel Bersy, Ingrid Heiderscheidt, Louise Jacob) dans leur cabine aseptisée ? Serions-nous dans ce qu'on appelle pudiquement:"une institution hospitalière spécialisée" ? Terrible image du monde qui nous entoure !
La vie telle que la voit Macbeth, qui s'est cherché tout au long de son périple atrocement délirant, se résume à:"une histoire contée par un idiot, pleine de fureur et de bruit, et qui ne veut rien dire". Beaucoup d'exégètes se sont penchés sur le sens à donner au "Cas Macbeth", la présente version y invite encore...