Puis, très vite, son ton va changer. Les souvenirs douloureux, honteux, traumatiques reviennent en force, les failles et les blessures apparaissent et à la fin, on ne sait plus s'il faut le détester ou le plaindre, lui qui, au départ, n'était que ce Blanc qui voulait sauver des Noirs, une fois rentré au pays, a subi l'opprobe général et le rejet privé.
Il hésitera à montrer une photo qui fit la une des journaux de l'époque, une "bavure", et l'on parlera d'autres "incidents" et "exactions" à l'égard des Somaliens... Il voudra rappeler le bilan de son côté : 6 morts (au champ de déshonneur ?), des hommes qu'il connaissait bien. Il ne parle pas de ce que l'on a appelé le "syndrome post-traumatique du militaire", une notion qui entre peu à peu dans les consciences de "la Grande Muette"...
Il veut seulement qu'on l'écoute...
Il est vrai que d'autres "Missions" ont suivi, notamment pour la Belgique, celle d'autres paras : les "Casques Bleus" tués au Rwanda, à Kigali, en avril 1994, de triste mémoire. Le souvenir de "Restore Hope" qui a impliqué 3000 militaires belges pour pacifier la région de Kismayo (désertée par les Américains) n'est pas plus glorieux, cette opération de grande envergure se soldant par un échec. Tous les participants à la coalition internationale repartirent, non seulement sans avoir réussi à pacifier le pays en proie à un conflit fratricide mais le laissant "en l'état", livré au chaos.
Ce seul-en-scène s'attache à une fraction de "La Défense" et à un paracommando précis : Nico Stalens, du 3ème bataillon de parachutistes de Tielen qu'incarne avec un naturel confondant, un talent incomparable, Bruno Vanden Broecke. Avec ce personnage fictionnel construit par l'auteur David Van Reybrouck sur base de recherches et de témoignages des paras concernés, dans une mise en scènede Raven Rüell, sobre , juste, et réservant des surprises, ils font retrouver l'Afrique au grand comédien belge.
Son précédent monologue - dû au même trio artistique - le faisait parler (en quatre langues: NL/FR/IT/DE) d'un missionnaire* et a connu partout des centaines de représentations. Nul doute que la performance actuelle de "Para" connaisse le même succès en Belgique comme ailleurs. Il l'a créé en néerlandais, il le joue actuellement en français.