Parce que les poètes et gens de théâtre ont rarement si bien parlé que lorsqu'ils parlent d'amour, ce sont à eux que Maxence Mailfort emprunte ici ses mots. Pour ouvrir une page de poésie, y dire Apollinaire, Eluard, Obaldia ou Shakespeare, y ajouter Musset, Lola Mouloudji et autre Molière. Faire vibrer les paroles, dans l'obscurité du plateau. Leur faire prendre corps dans un rayon de lumière. Et y chanter, sans note, l'aimée. L'absente. Lola. Et Stéphane. L'ami, trop tôt parti.
Mais si l'ombre des amours de Maxence Mailfort plane sur le spectacle, elle le fait sans noirceur. Comme une aile viendrait se déployer sur la peine de ceux qui restent. Et chacun peut faire résonner ces poèmes comme une ode à ses propres absents. Dans une grâce exquise, de lumières, de notes et de mots.
Sans doute, est-il facile de parfois perdre le fil de cette belle prestation. Le fil narratif y est souvent ténu. Mais la beauté des textes, le talent si sensible du comédien, la richesse et la précision de la mise en scène, nous ramènent avec constance sur le verbe. Et l'émotion associée. Avec sobriété. Et un infini talent.