Une école confessionnelle catholique, quelque part aux États-Unis, dans les années 60. Une école tenue par des religieuses, sous l'autorité de la hiérarchie ecclésiastique. Et un prêtre. Le curé de la paroisse, qui s'occupe également de l'instruction religieuse et d'entrainer les garçons au basket-ball. Un univers semi clos dans lequel le doute va venir s'instiller. Pour quelle raison le prêtre a-t-il reçu, seul, un jeune garçon ? Pourquoi ne veut il pas se justifier face aux interrogations de la directrice de l'école, qui craint le pire ?
Venin pernicieux, le doute s'insinue dans tous les refus de répondre, dans tous les silences. Mais également dans les quelques réponses consenties. Les unes étant prises pour mensonges, les autres pour validation du doute. Le doute qui ronge, le doute qui enivre, le doute qui aveugle. Le doute, enfin, qui nourrit le doute et enfle la rumeur. Sans fin.
C'est autour de cette question obsédante ("est-ce vrai" ?) que se bâtit le spectacle. Autour de ce doute, affreux. La crainte d'avoir raison, comme celle d'avoir tort. Pour montrer que les choses sont toujours plus complexes qu'une vision strictement manichéenne des situations. Et l'axe est clairement mis sur cette division mouvante des éléments. La mise en scène, comme les lumières et la (magnifique) scénographie vont en ce sens. Changeant les zones de jeu au fil de l'intrigue, pour dessiner un espace, un temps, une évolution. D'une façon subtile et sobre.
Sobre aussi, le jeu des comédiens. Efficaces dans leur retenue comme dans leurs emportements. Avec une mention toute particulière à Josiane Stoléru qui donne à son personnage de directrice trop sûre d'elle une profondeur et une vérité rare.
On ne peut que ressortir ébranlé d'une telle représentation. Ebranlé, mais plus enclin à voir, derrière la poussière que l'on lance, l'effet papillon qu'elle induit. Ebranlé, mais plus lucide, peut être... ou au contraire, plus indécis encore face à l'incessante quesiton : et si c'était vrai ? Quel que soit l'objet de l'interrogation. Une pièce à voir. Et à méditer.