On attend d’un danseur qu’il danse. Yaïr Barelli commence par parler, aussi longuement, calmement, lentement que sa descente du haut de la salle vers le parterre, yeux clos, en aveugle, profitant de chaque accident du sol ou des gradins pour les accorder à son corps. Celui-ci se déploie, se déplie, se recroqueville, s’étire, progresse.
En adepte pratiquant du yoga, l’interprète se concentre sur ce qu’il accomplit et dit. La voix, confidence intimiste, s’aventure vers la dérision. Il explique ce qu’il est en train de faire, ce qu’il va faire, comment il va le faire. Entre recueillement intérieur, fonctionnement extatique, distanciation caustique, Barelli pose les bases de son projet. Il pousse même l’autodérision jusqu’à se demander s’il est nécessaire d’avoir un sujet pour en parler.
Sur scène, il poursuit ses confidences, commentaires, considérations mais la danse apparaît. Dérision une fois encore : créer une chorégraphie sur le son des paroles d’une interview du compositeur John Cage. Puis, voici un moment plus classique où des mouvements sont associés à un côté pratique : celui de balayer un sol pour un nettoyage périodique.
Ensuite, c’est l’escalade d’un délire verbal et gestuel. L’interprète crie ; la sono hurle. Par bonheur, le concepteur s’est souvenu qu’au-delà de 105 décibels les tympans peuvent être blessés et des tampons auditifs ont été distribués aux malheureux spectateurs fragiles.
Tout devient caricatural à outrance. Barelli semble faire n’importe quoi n’importe comment, habillé ou nu. Comme si la danse contemporaine n’était que chaos, agitation vaine, soubresauts hystériques, provocation exhibitionniste, singeries grimaçantes… L’humour se dissout dans la démesure, la disparition des nuances.
Dommage ! Yaïr Barelli a néanmoins pour lui qu’il se donne physiquement à fond dans ses danses. Qu’il ne craint pas de se mettre en danger physique. Qu’il n’est pas dépourvu d’humour lorsqu’il ne tombe pas dans l’excès d’une démonstration à n’importe quel prix.
Publié le 12 décembre 2011
La parole et puis la danse pour parodier l’intellectualisation de l’art, l'autobiographie insignifiante et les avatars de la chorégraphie contemporaine. La parole est drôle et le geste indigeste.


Valenciennes - Festival Next
Le 02/12/2011 à 21h15
l’Espace Pier Paolo Pasolini
2 rue Salle le Comte, 59300 Valenciennes
Téléphone : 03 27 20 16 40.
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Ce ConTexte
de Yaïr Barelli
Humour Solo DanseMise en scène : Yaïr Barelli
Avec : Yaïr Barelli
Concept : Yaïr Barelli
Lumière : Augustin Sauldubois
Durée : 40' Photo : © Elise TamesierCoproduction: Musée de la Danse / Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, Centre National de Danse contemporaine (Angers) KOMM’N’ACT (Marseille)
Remerciements : Charlène Sorin, Julien Lacroix, Carole Perdereau.